4.3. La nappe phréatique
La nappe phréatique représente certainement le plus grand défi de la construction du contournement ouest de Bienne. La fuite dans le rideau souterrain et la montée des eaux survenues lors de la construction du bâtiment Manor près de la place Centrale, où les conditions géologiques sont comparables, montrent à quel point la situation est délicate. L’étude d’impact sur l’environnement (EIE) est d’autant plus vague à ce sujet. En raison du fait qu’un problème aussi important n’est abordé que de manière imprécise dans l’EIE, le « Comité Axe Ouest : pas comme ça ! » a commandé une étude à des experts neutres au sujet de l’aspect environnemental de la nappe phréatique.
Bienne est largement bâtie sur la nappe phréatique. Les eaux souterraines dans les alluvions de la Suze (plaine alluviale) sur laquelle une grande partie de la ville a été bâtie se situent près de la surface.

Carte tirée du rapport de l’OED (Office des eaux et des déchets) sur la protection des eaux souterraines: Données relatives aux eaux souterraines, 1986-2014, p. 10
La construction du tunnel dans les eaux souterraines se heurte à différents problèmes qui ne peuvent être résolus qu’au moyen de procédés particuliers. Le premier problème réside dans l’ancrage du projet. À cet égard il sied de respecter des prescriptions différenciées de protection des eaux. Il faut ensuite assurer l’étanchéité à l’eau des fouilles par des palplanches et, partiellement, on ne pourra appliquer des méthodes de construction minière qu’en adoptant un procédé de congélation.
4.3.1. Qualité des eaux souterraines
Sur le plan qualitatif, il y a lieu de constater que des tronçons de l’axe ouest de l’A5 se situent dans des zones de protection des eaux souterraines, dans lesquelles il convient d’éviter strictement toute contamination des eaux. L’autoroute doit être construite de façon à éviter l’infiltration d’eaux polluées dans les eaux souterraines. En outre, il faut utiliser des matériaux de construction ménageant la nappe phréatique. Il faut également prendre des mesures particulières pour protéger ces eaux en cas d’accidents majeurs.

Des spécialistes doutent que les mesures prévues pour protéger qualitativement les eaux soient suffisantes. Il se pose donc la question de savoir si les études réalisées au sujet de la pollution des eaux souterraines pendant la phase de construction ou en cas d’accident majeur sont suffisantes. On relève en particulier qu’il est prévu de construire dans la nappe phréatique en recourant à un procédé de congélation. En cas d’accident majeur, il pourrait s’ensuivre des conséquences défavorables pour les eaux souterraines. L’approbation du projet doit être subordonnée non seulement à l’allégation de la garantie, mais à la garantie effective de la protection des eaux souterraines contre des pollutions, même en cas d’accident en cours de travaux de construction.
Abbildung 5.5-2: La carte de protection des eaux montre la zone de protection 3 dans laquelle, par exemple, les pompes à chaleur sont interdites.
4.3.2. Flux des eaux souterraines et conséquences de la rétention sur le niveau de la nappe phréatique
La nappe phréatique dans la plaine alluviale de la Suze se situe tout près de la surface. L’eau coule en direction du lac de Bienne. Selon l’ordonnance sur la protection des eaux on ne peut qu’exceptionnellement construire dans les eaux souterraines fluctuantes, lorsque leur écoulement n’en est pas empêché. (Limite admissible OEaux, Annexe 4, ch. 211, max. 10% d’écart par rapport à l’état initial).
L’axe ouest, de par sa position en profondeur, forme un barrage en demi-cercle pour la nappe phréatique de la plaine alluviale. L’écoulement des eaux souterraines s’en trouverait dangereusement restreint. Pour éviter cela, il est prévu de construire des puits de régulation qui pomperont l’eau à un endroit pour la réintroduire à un autre. Pour la phase d’exploitation de la route on prévoit de construire des siphons étanches pour les eaux souterraines qui les capteront d’un côté et les conduiront sous pression dans un canal sous l’autoroute pour les amener de l’autre côté. Ce procédé est sensé maintenir le flux et l’écoulement de ces eaux. Il n’est pas garanti que cela fonctionne ainsi. Ces systèmes de siphons peuvent, avec le temps, se boucher et il faudra vraisemblablement les entretenir.
4.3.3. Séparation des différentes nappes phréatiques
Dans la zone de Bienne-Centre et du tunnel Weidteile on trouve la nappe phréatique la plus profonde dont le flux n’a, à ce jour que peu été étudié. Cette nappe phréatique profonde sera touchée par le projet de tunnel.

Abbildung 1: Oberflächennahes und tieferliegendes Grundwasservorkommen entlang des Projekttrasses (Bildgrundlage: Auszug aus dem 10-fach überhöhten geolo-gischen Längenprofil, vereinfachter Tunnel AP Stand 29.2.2016).

Abbildung 5.5-5: Ausbreitung des tiefer liegenden Grundwasservorkommens im Bereich des Projekttrassees (hell-blaue Fläche). Ebenfalls im Bild eingetragen: Isohypsen des oberflächennahen Grundwasservor-kommens bei Mittelwasser (dunkelblaue Linien).
Un des problèmes de protection consiste à empêcher une infiltration des eaux souterraines superficielles de la plaine alluviale dans la nappe phréatique plus profonde (effondrement). L’étanchéisation par une couche de gel mou de 2 m d’épaisseur et d’une couche de ciment ne doit pas contaminer la nappe phréatique, et, en particulier, ne pas être nocive pour les poissons. À ce jour, on ne connaît pas de détails à ce sujet.
4.3.4. Problèmes non résolus relatifs aux eaux souterraines et risques
La formulation utilisée dans l’EIE révèle que les spécialistes ne savent pas encore comment résoudre ce problème : « Pour prévenir des infiltrations de la nappe phréatique mise sous pression et donc un effondrement du terrain, on construira probablement une puissante étanchéité et un puissant couvercle de ciment d’environ 50 cm. Par ailleurs, le risque d’ « effondrement » n’a pas fait l’objet d’une étude systématique, mais seulement de rapports relatifs à des endroits particuliers.
On ignore encore quel matériau sera utilisé pour l’étanchéité de gel mou et la décision est reportée à plus tard, ce qui peut faire l’objet d’un grief (motif) dans l’opposition.
L’EIE mentionne le problème et n’évoque que de vagues solutions. Le catalogue des mesures à p. 171 fait plus penser à un cahier des charges qu’à un livre de recettes (10 mesures à p. 171). Nous sommes d’avis que l’aspect « eaux souterraines » doit faire l’objet d’une expertise neutre avant que le projet ne puisse être autorisé.
De plus, la construction dans la nappe phréatique, notamment avec un procédé chimique de congélation, recèle des risques importants de pollution des eaux souterraines.
4.3.5. Risque de modifications marquantes du niveau de la nappe phréatique
La question de savoir ce qui se passera si l’économie des eaux souterraines pendant la phase de construction ou plus tard échappe à tout contrôle n’a que peu été étudiée. Une montée rapide des eaux souterraines peut provoquer des inondations de caves ou des infiltrations dans la zone des eaux souterraines dont le flux est retenu. Un abaissement durable de la nappe phréatique peut conduire à des modifications de terrain et provoquer des fissures et d’autres dommages à la substance bâtie. Il sera difficile dans ces cas de rapporter la preuve d’un lien de causalité. C’est pourquoi il est recommandé à tout le moins aux propriétaires fonciers dans les zones critiques de la nappe phréatique de demander à titre provisionnel qu’il soit dressé un procès-verbal des fissures existantes.
Gutachten betreffend Eingriffe in die Grundwasserleiter: