L’étude de mobilité globale Bienne Ouest vient d’être publiée et propose plusieurs pistes à suivre suite à l’abandon du projet de contournement autoroutier de l’A5.
Article dans ajour.ch de Donna Gallagher, 24.2.2025
Quelles pistes suivre au lendemain de l’abandon du projet de contournement autoroutier de la branche Ouest? L’étude de mobilité globale, orchestrée par espace Biel/Bienne.Nidau et publiée ce lundi, tente d’y répondre. Au cœur de la réflexion, une question clé: une autoroute de contournement permettrait-elle vraiment de désengorger le trafic régional? D’après les spécialistes, la réponse est non. Le rapport explore alors des alternatives pour alléger la circulation de Bienne ouest. On rappelle que ce secteur englobe non seulement le cœur de l’agglomération biennoise, mais aussi les communes de la rive gauche du lac de Bienne jusqu’à La Neuveville, ainsi que celles de la rive droite jusqu’à Hagneck. Plongée dans ce document de 117 pages, qui pourrait bien redéfinir l’avenir de la région.
—- Étude de mobilité globale Biel/Bienne Ouest en format PDF —–

La saga en quelques points clés
Il y a plus d’une décennie, l’idée d’un contournement autoroutier de Bienne via l’A5 (branche Ouest) émerge, avec l’ambition de désengorger l’agglomération. Mais ce projet d’envergure s’attire vite les foudres de la population. En 2015, un comité voit le jour pour s’y opposer. Les critiques fusent: les autorités sont accusées de folie des grandeurs, notamment en raison des coûts colossaux du projet. La destruction de nombreux bâtiments et la transformation radicale du paysage urbain qui en découleraient nourrissent aussi la contestation. En 2019, un comité de dialogue réunissant divers groupes d’intérêts (économie, transports, environnement et citoyens mobilisés) est créé pour tenter d’apaiser les tensions et trouver un compromis. Mais la protestation ne faiblit pas, jusqu’à faire plier les autorités en janvier 2021, qui renoncent alors officiellement au projet branche Ouest.
Toutefois, ces nombreuses discussions ont fait émerger de nouvelles pistes de réflexions pour fluidifier le trafic de l’agglomération biennoise. Car si le projet de la branche Ouest a été abandonné, la volonté d’améliorer la situation, elle, persiste. C’est dans cette optique que l’organisation faîtière espace Biel/Bienne.Nidau – qui réunit le Canton de Berne, les Communes de Bienne, Nidau, Brügg, Port et Ipsach, ainsi que l’association seeland.biel/bienne – mandate les entreprises Transitec et Interface pour réaliser une étude de mobilité générale sur la région. L’objectif de cette démarche est de formuler des recommandations concrètes aux autorités. Les conclusions de cette étude sont dévoilées ce lundi. Au programme: pas de tunnels, mais une flopée de mesures alternatives.
Pas de nouveaux tunnels en vue
Selon les résultats de l’étude, la création de nouveaux tunnels n’est pas une idée à privilégier. De telles constructions nécessiteraient un investissement disproportionné par rapport à l’amélioration qui en découlerait. En effet, théoriquement, les tunnels ont pour objectif principal de délester l’agglomération biennoise du trafic de transit – un type de parcours qui se définit par un point de départ et d’arrivée situé en dehors du secteur de Bienne ouest. Toutefois, les résultats de l’étude démontrent que le trafic de transit ne représente que 9% du trafic individuel motorisé. Et si l’on prend en compte l’entier des déplacements effectués, soit aussi ceux en transport public, à vélo ou à pied, cette proportion baisse à 5%. Ainsi, même si la construction de tunnels permettrait effectivement de reporter une partie de ce trafic de transit, l’impact général serait marginal par rapport aux coûts et aux répercussions environnementales d’une pareille entreprise. Une fois cette option éliminée, l’étude s’est intéressée de plus près à des solutions alternatives plus efficientes.
Favoriser moult petites mesures
Les solutions proposées ont été analysées par le prisme de huit objectifs de mobilité et de six critères de durabilité. «L’option qui a récolté le meilleur score global consiste en un panel de mesures ciblant la mobilité piétonne et cycliste, les transports publics et les transports individuels et motorisés», indique Christian Hänggi, auteur en chef de l’étude. Si l’analyse arrive à cette conclusion, c’est notamment parce que l’un des principaux défis identifiés est la forte proportion de trajets cours effectués en voiture – ce serait alors à ce niveau qu’il faudrait agir, davantage que sur le trafic de transit. Pas de révolution en vue donc, mais de nombreuses mesures plus modestes avec un objectif clair, réduire le trafic individuel motorisé en favorisant les modes de déplacement doux.
Cyclistes et piétons avant tout
Concrètement, d’après l’étude, la mobilité douce à deux roues pourrait être encouragée en créant de nouvelles liaisons continues dédiées aussi bien à un usage quotidien qu’à un usage de loisirs pour cyclistes moins expérimentés. «Avec la planification du réseau cyclable établie, les bases sont déjà bien en place», peut-on lire dans le rapport. Les principaux axes d’entrée dans l’agglomération seront, en outre, équipés de liaisons continues et sûres pour les cyclistes.
La mobilité piétonne, quant à elle, pourrait être favorisée en aménageant davantage de trottoirs continus et en éliminant les obstacles, ainsi qu’en améliorant le confort et la sécurité.
Transports publics renforcés
Les transports publics de l’agglomération biennoise seront dotés, d’ici à 2040, de plusieurs axes structurants dont la cadence sera inférieure à 10 minutes. Ils permettront une meilleure desserte des principaux sites d’activités, du Marais-de-Brügg et des Champs-de-Boujean notamment. Les interfaces multimodales seront mieux raccordées entre elles grâce à des liaisons directes. De manière générale, les lignes seront plus directes et les cadences plus soutenues, ce qui raccourcira les temps de trajet.
Il s’agirait aussi d’étoffer l’offre des transports publics en allant au-delà des mesures déjà planifiées dans ce domaine. La Vision RER Bienne 2045, pourrait, par exemple, être étendue et enrichie de nouvelles haltes. Ce futur réseau pourrait aussi être complété par l’ajout de nouvelles lignes de bus, incitant ainsi les Biennoises et Biennois à emprunter les transports publics, ce qui réduirait la part de trafic individuel motorisé.
Moins de place de stationnement
La fluidité du trafic peut, quant à elle, être améliorée en procédant à des aménagements ponctuels aux carrefours actuellement surchargés, comme à la place Guido-Müller, ou au niveau de la traversée de la ligne ASm sur la route de Berne, notamment. De telles restructurations seraient associées à des mesures de gestion du trafic.
Aussi, des incitations au report des trajets en voiture peuvent être données à travers une double politique de réduction et gestion des places de stationnement. Des barrages au trafic de transit à travers les quartiers, lorsque les transports publics ou les modes doux constituent une solution alternative plus pertinente, pourraient aussi être envisagés.
La suite?
En résumé, d’après les résultats de l’étude de mobilité globale, l’objectif d’un système de transport viable et durable est atteignable. Celui-ci n’inclut toutefois pas la construction de nouveaux tunnels, car le trafic de transit ne représente qu’une part marginale de l’engorgement dans la région, contrairement aux courts trajets en véhicules individuels motorisés. Il faudrait alors mettre l’accent sur de nombreuses petites mesures pour encourager et inciter à la mobilité douce et à l’utilisation des transports publics. Dès à présent, la population est invitée à se prononcer sur la proposition par voie électronique jusqu’au 25 avril. Ensuite, l’espace Biel/Bienne.Nidau formulera officiellement ses recommandations d’actions aux autorités compétentes, d’ici au mois de septembre.